Famara Ibrahima Sagna et cinq autres personnalités devenues emblèmes.

FAMARA IBRAHIMA SAGNA

Sédhiou, 28 fév (APS) – Ils méritent de la nation et ont été récompensés en conséquence, de leur vivant déjà, en étant choisis comme parrains de plusieurs infrastructures publiques depuis 2014. Six personnalités ont connu cet honneur ces dernières années, à l’image de Famara Ibrahima Sagna, dont le nom a été donné mardi au pont de Marsassoum, commune de la région de Sédhiou (sud). 

PRESIDENT ABDOU DIOUF

Il y a d’abord Abdou Diouf, dont le règne à la tête du Sénégal a duré de 1981 à 2000. Il a ensuite été élu secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Son mandat à la tête de cette organisation, entamé en 2002, finit en 2014. 

Dans son discours d’ouverture du XVe sommet de l’OIF, le 29 novembre 2014, dans les nouveaux locaux du Centre international de conférences de Diamniadio (CICAD) justement, le chef de l’Etat, Macky Sall, faisait part de sa décision de baptiser cette infrastructure du nom du deuxième président sénégalais. Une annonce surprise accueillie par un standing ovation. Abdou Diouf en avait été ému et avait eu cette déclaration : « Le président Macky Sall m’a littéralement foudroyé ». 

Mais aussi une belle récompense pour un dirigeant réputé pour son sens de l’Etat, plus jeune gouverneur du pays en son temps, Premier ministre de 1970 à 1980, avant d’être propulsé à la tête de l’Etat sénégalais. Il s’en est suivi un règne de 20 ans, autant d’années passées à consolider les fondements de l’Etat et à ouvrir le pays au pluralisme, dans un contexte africain où le parti unique était la règle. 

Abdou Diouf compte également à son actif la libéralisation progressive de l’économie et la décentralisation de l’administration. Des réformes conduites dans un climat social rendu difficile par la sécheresse au Sahel et les conséquences des politiques d’ajustement structurel. Son régime en a sans doute payé le prix avec sa défaite en mars 2000. Il a également contribué à faire entendre la voix du Sénégal dans le monde, grâce à une diplomatie efficace et des participations remarquées aux grandes rencontres internationales.

  Hommage à un résistant à la colonisation

AMADOU MAHTAR MBOW

Le même honneur a été fait au professeur Amadou Makhtar Mbow, ancien directeur général de l’Unesco, dont le nom a été donné à la deuxième université publique de Dakar. Une décision rendue publique le 30 janvier 2015, au cours de la pose de la première pierre de cette infrastructure. 

Né le 20 mars 1921 à Dakar et élevé à Louga, Mbow se forge un caractère bien trempé dans cette région sahélienne du nord-ouest du Sénégal où la rigueur des conditions naturelles et l’emprise de l’environnement social prédestinent à résister aux aléas de la vie. Le cours contestataire d’une jeunesse engagée et militante le conduit à intégrer comme volontaire les rangs de l’armée. 

Démobilisé à la fin de la Seconde guerre mondiale, en 1975, il entreprend des études d’histoire et de géographie à la Sorbonne, à Paris. II fut l’un des animateurs de l’Association des étudiants africains qu’il préside avant d’être porté à la tête de la Fédération des étudiants d’Afrique noire de France (FEANF). 

Une vie de combat contre le joug colonial et l’instauration d’une ère de paix, de progrès, de justice et de fraternité dans le monde dont le cours l’a conduit à la direction générale de l’Unesco. Une consécration pour le Sénégal et l’Afrique de manière générale. 

BALLA MOUSSA DAFFE

  Balla Moussa Daffé doit à son ancrage très local dans son Pakao natal la décision du président de la République de baptiser le nouveau lycée de Sédhiou du nom de cet ancien ministre de la Recherche scientifique. Le décret officialisant cette décision a été signé le 9 septembre 2019.  Le parrain a pendant longtemps symbolisé le visage politique de Sédhiou dont il était l’indéboulonnable maire jusqu’à sa défaite électorale de mars 2009. Il demeure une légende vivante à Sédhiou. Il en maîtrise l’histoire et la sociologie politique comme personne

Le stade Abdoulaye-Wade, un signe de reconnaissance

La décision de baptiser le nouveau Stade du Sénégal du nom de l’ancien président Wade, le 22 février 2022, tient d’un grand symbole, au vu de ses relations avec son prédécesseur, également son ancien mentor politique. Macky Sall a eu une belle carrière politique sous Abdoulaye Wade (2000-2012), jusqu’à occuper la présidence de l’Assemblée nationale après avoir occupé plusieurs postes ministériels et avoir servi en tant que Premier ministre et directeur de campagne.  De le voir devenir le parrain du nouveau Stade du Sénégal, joyau architectural d’une capacité d’accueil de 50.000 places, dans un contexte de regain de forme du football sénégalais, est un signe de reconnaissance de grande valeur pour quelqu’un qui peut se prévaloir d’une connexion particulière avec les jeunes.  Avec son slogan Sopi (le changement) qui faisait toujours rallier les masses à la cause de l’alternance politique, le surnom « Gorgui »(le vieux) est l’un des signes de sympathie à l’égard du fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS). 

Après deux mandats, à la tête du Sénégal, entre 2000 et 2012, il est battu par son ancien directeur de campagne, Macky Sall justement. Comme si le sort propre à la politique donnait à ce dernier l’opportunité d’assurer la relève politique de celui qui détient le record de participation à l’élection présidentielle au Sénégal en briguant sept fois la tête du pays. 

CHEIK HAMIDOU KANE

C’est au tour de l’écrivain et ancien haut fonctionnaire Cheikh Hamidou Kane de se voir reconnu et honoré par son pays, avec l’annonce de baptiser de son nom l’Université virtuelle du Sénégal. Une décision annoncée en Conseil des ministres, le 18 janvier 2023. Créée en 2013, l’UVS a pour mission de mettre les technologies de l’information et de la communication au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche en vue d’améliorer son accès et son efficacité. Cheikh Hamidou Kane, son parrain, est d’abord connu pour son roman « L’Aventure ambiguë », un classique de la littérature africaine avec lequel ce natif de Matam, région du nord du Sénégal, a remporté le grand prix littéraire d’Afrique noire en 1962.  Ce livre a été pour de nombreux Africains une révélation des tiraillements intérieurs entre certaines valeurs africaines et celles reçues de l’école française. L’audience retentissante de « L’Aventure ambigüe » explique pour une grande partie la renommée de ce haut fonctionnaire, relativement moins connu par les fonctions officielles qu’il a occupées. 

FAMARA IBRAHIMA SAGNA

                                 Personnalité exemplaire

Famara Ibrahima Sagna, choisi comme parrain du pont de Marsassoum, est la toute dernière personnalité vivante à laquelle la République rend hommage en baptisant de son nom une infrastructure publique. Long de 485 mètres, le pont de Marsassoum est construit sur le Soungrougrou, affluent du fleuve Sénégal. Il vise à désenclaver cette partie de la région de Sédhiou. Le parcours de Famara Ibrahima Sagna dans les hautes sphères est un exemple pour les plus jeunes. Ce juriste de formation et administrateur civil, Famara Ibrahima Sagna, est devenu analyste financier après une formation post-universitaire en France et aux USA.  

M. Sagna a occupé plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement sénégalais. Il a été en charge du Développement rural, du Développement industriel et de l’Artisanat, de l’Intérieur aussi. Il fut également ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, et de l’Intégration africaine. Un parcours prestigieux jusqu’à la présidence du Conseil économique et social, devenu plus tard Conseil économique, social et environnemental.
 
Polyglotte – outre le français et l’anglais, il parle cinq autres langues que sont le mandingue, le pulaar, le créole portugais, le diola et le wolof. Une ouverture teintée d’un cosmopolitisme propre à la Casamance, sans doute la région du Sénégal la plus marquée par le brassage ethnique et interculturel. Un point qui justifie, à lui seul, qu’il reste dans la mémoire de ses compatriotes, pour servir d’exemple aux prochaines générations.

MNF/BK/MTN/AKS

Source: Agence de Presse Sénégalaise (APS)

www.kmayoo.com

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