Après la promulgation de la loi sur les communications électroniques : les Opérateurs de téléphonie acculent l’État
La controversée loi sur les communications électroniques a été votée le 28
novembre 2018 par les députés. Ce, en dépit de la forte mobilisation des
usagers contre son adoption. Promulguée depuis décembre 2018, son application
effective ne devrait être qu’une question de semaines, voire de jours.
En tout cas, tous les ingrédients semblent réunis pour qu’on aille dans ce
sens. Et la récente sortie du Directeur général de la Sonatel n’est que le
couronnement d’un processus arrivé à son terme.
Face aux journalistes ce mercredi 20 mars, Sékou Dramé a fustigé l’impact
négatif de l’utilisation abusive des Over the top sur le chiffre d’affaires de
la société de téléphonie. “En 2018, sur 100 minutes d’appels arrivés au
Sénégal, nous (Orange, Ndlr) n’en avons eu que 27 dans notre réseau. Tout le
reste est passé par les OTT. L’impact est de près de 20 milliards de francs CFA
sur notre chiffre d’affaires”, a déclaré Sékou Dramé.
Dans son allocution, le Directeur général du groupe Sonatel interpelle
indirectement l’État du Sénégal pour, sans doute, des mesures correctives dans
les meilleurs délais. Le dernier alinéa de l’article 27 du code des
communications électroniques disposes que “l’Autorité de régulation peut
autoriser ou imposer toute mesure de gestion du trafic qu’elle juge utile,
notamment préserver la concurrence dans le secteur des communications
téléphoniques et veiller au traitement équitable des services similaires”.
Cette nouvelle donne qui est en train de prendre forme dans l’utilisation des applications
aux fins de communiquer via Internet, était prévisible si l’on en croit un
billet de la plateforme en date du 27 octobre 2018. À l’époque, El Hadji
Abdoulaye Seck, un des animateurs de cette plateforme, tirait la sonnette
d’alarme sur la possibilité de voir le code des communications électroniques
être utilisé pour régler le problème des Over the top. “Ils corrigeront ainsi
le manque à gagner généré par nos nouvelles habitudes de consommation.
Celles-ci sont plus circonscrites à l’usage des réseaux sociaux (Facebook,
Twitter ou Whatsapp)”, anticipait Wambedmi.com. Interviewé par Dakaractu le 04
septembre 2018, le président de l’Association des utilisateurs d’internet au
Sénégal, Ndiaga Guèye abondait dans le même sens.
Pour pousser les autorités à agir, la supposée absence de contribution des
“acteurs qui y font beaucoup de gains avec des publicité” dans l’effort de
construction nationale est invoquée par Sékou Dramé selon qui, le manque à
gagner de la Sonatel fait aussi perdre des recettes à l’État. Le successeur
d’Alioune Ndiaye relèvera que sur les 25 milliards perdus par la société de
téléphonie en 2018, 30% (plus de 8 milliards FCFA) devaient être reversés dans
les caisses du trésor.
Maintenant, la question reste de savoir si l’État doit suivre les opérateurs de
téléphonie dans leur logique de faire des chiffres d’affaires faramineux sur le
dos des utilisateurs ?
Faut-il rappeler que la connexion utilisée par les utilisateurs des OTT est
chèrement facturée ? Tout dernièrement, un avantage qui permettait aux
internautes de maximiser leurs heures de connexion appelé “cumul” a tout
simplement été supprimé.
Dans sa communication, le Dg de la Sonatel n’a pas jugé utile de le mentionner
tout comme il a tu le chiffre d’affaires réalisé par la société avec
l’avènement d’Internet. “Cela démontre qu’ils ne sont mus que par la
réalisation de profits”, déplore un utilisateur des OTT interrogé sur
Internet.
L’État perdra a tous les coups en suivant les opérateurs dans cette voie, qu’on
appelle régulation mais qui est en réalité un blocage ou un ralentissement,
nous répond-on du côté des utilisateurs pour qui, les opérateurs de téléphonie
devraient changer de fusil d’épaule. En quoi faisant ? En réfléchissant sur de
nouveaux outils pour ne pas rater le coche de la révolution numérique.
Source :dakaractu.com
kmayoo@kmayoo.com
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