Scrutin du 24 février : «Ni vote ethnique, ni confrérique, ni régionaliste…», selon Ndongo Sylla

Le 24 février 2019, il n’y a eu ni vote ethnique, ni vote confrérique, ni vote régional, c’est l’analyse faite par l’économiste et chercheur Ndongo Samba Sylla, qui a croisé différentes données statistiques, notamment celles de l’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).

Animant un panel samedi sur le thème «Élection au Sénégal : quels enseignements ? », le chercheur  a laissé entendre qu’en Afrique en général et au Sénégal en particulier, l’on se fait « une illusion  de démocratie» Pour lui, les élections à elles seules quelle que soit leur régularité ou leur transparence ne suffisent pas à faire une démocratie, alors qu’en Afrique, on a tendance à se proclamer « pays démocratique » parce que les élections se seraient bien passées D’ailleurs, observe-t-il parler « d’élection démocratique » est absurde parce que les deux mots « démocratie » et élections » sont contradictoires

«L’élection et une marchandise» et ne peut la gagner que celui qui a les moyens de se l’acheter.  C’est une réalité aux États-Unis, en France et c’est aussi réel au Sénégal, a soutenu le chercheur, citant l’élection et la réélection de Barack Obama ou de Nicolas Sarkozy. Celui qui gagne l’élection est celui qui mobilise le plus d’argent pour battre campagne.

Par analogie, la présidentielle du 24 février dernier a été gagnée par Macky Sall parce que c’est lui qui avait les moyens conséquents. « Macky Sall est le meilleur stratège électoral de toute l’histoire du Sénégal, il a gagné quasiment toutes les élections majeures depuis 2017»

« Une l’élection internationale »

Poursuivant son analyse, Ndongo Samba Sylla a estimé que la présidentielle du 24 février dernier n’était pas «une élection nationale mais une élection internationale » parce que fortement influencée de l’étranger. Il en veut pour preuve un article fait dans un célèbre journal américain qui présente Macky Sall comme le meilleur candidat, gage de stabilité, donc bon pour les affaires par opposition à un candidat comme Ousmane Sonko, qui incarne l’incertitude, anti système voire dangereux pour les affaires.

D’ailleurs, ce dernier ne pouvait pas gagner du fait d’une certaine virginité politique, du manque de réseaux, du manque de moyens financiers et  d’absence d’une certaine caution  extérieure. Clairement, pour Ndongo Samba, la communauté internationale avait son candidat en la personne de Macky Sall.

D’après le jeune économiste et auteur de plusieurs ouvrages, avec l’avènement du pétrole est du gaz, il y a un risque de perversion de la démocratie au Sénégal parce que les pays étrangers vont de plus en plus s’intéresser au Sénégal et donc vont tout faire pour peser de tout leur poids sur les élections, en les finançant notamment, à travers des candidats. «Le pétrole et le gaz vont à l’avenir modifier en profondeur le jeu démocratique»

Sur un autre plan, Ndongo Samba Sylla explique que le système d’élection actuel au Sénégal est discriminatoire pour une catégorie de citoyens. A son avis, il serait souhaitable que le Sénégal reconnaisse « le vote blanc » comme la Colombie, la Mongolie ou encore le Pérou. Il faut bien que la voix de ceux qui estiment n’avoir pas eu aucun candidat satisfaisant puissent aussi l’exprimer leur position. Ce schéma de reconnaissance du vote blanc implique la possibilité d’invalider une élection si le vote blanc atteint un certain seuil et ne permettant pas donc à un candidat de franchir le cap des 50%.

Ndongo Samba Sylla participait à un panel samedi lors des 5è  rencontres période « Perspectives africaines » organisées par Leadership- Éthique- Gouvernance et Stratégiques pour l’Afrique (LEGS) sur le thème : « Démocratie et Transparence en Afrique? » ?

Noël SAMBOU senenews.com

kmayoo@kmayoo.com

Please follow and like us:
127
fb-share-icon889
77